Anne-Laure Robert, gynécologue

Publié le par Christine Lefeuvre

Une gynécologue digne de ce nom

Damien, (ainsi se prénomme mon généraliste) puisque j'ai sollicité un avis contradictoire par un autre professionnel, m'oriente vers une jeune femme. Il essaie de me donner un maximum de chances en optant pour cette solution. Une femme pour éviter un regard que je pourrai supposer sexué, jeune pour éviter la paternalisme parfois bien assis....

Il me remet un courrier destiné à cette gynécologue, courrier dont j'ai pu prendre connaissance au préalable car Damien joue la parfaite transparence pour essayer de regagner la confiance perdue dans ce monde médical.

Cette jeune-femme, Anne-Laure Robert, m'accueille. Une présence simple, un sourire chaleureux, une écoute attentive. "C'est difficile?" juste pour me permettre de livrer mes difficultés auxquelles elle veillera à s'adapter. Je lui expose clairement qu'une mastectomie m'a été proposée comme voie unique et que je ne me sens pas prête à opter pour une telle solution. Je lui expose ma problématique, anamnèse concise et résultats à l'appui. Lorsqu'elle évoque la contraception, et quand j'affirme n'avoir jamais recouru à une méthode hormonale ni à un DIU au cuivre, "et ça a fonctionné?"...Tellement rare de trouver des professionnels non jugeants, car c'est tellement aisé pour le praticien d'abuser d'une toute puissance plutôt que d'opter pour l'humilité vis à vis du patient.

Au moment de l'examen clinique, elle observe le seul sein exposé par mes soins. Suite à l'écoulement, ma compresse colle au mamelon. Très délicatement, elle se munit de sérum physiologique pour la décoller et adapte son geste en s'enquérant d'éventuelles douleurs. Lorsque je demande si la mastectomie lui semble nécessaire, sans ambages, elle me répond "oui, c'est difficile". Et moi les larmes aux yeux "c'est impossible". Elle ne juge absolument pas, n'essaie même pas de me raisonner, elle accueille juste l'intensité émotionnelle de ma réaction. Elle demande s'il lui est possible de palper l'autre sein, ce que j'accepte devant tant de bienveillance exprimée.

Nous décidons alors communément de valider un prochain petscan pour mesurer l'étendue des dégâts. Elle expose le protocole officiel en reprenant les résultats de la biopsie. Et là je découvre que le laboratoire d'anatomopathologie a (sciemment ou non?)transmis des résultats partiels. Je le lui exprime, elle semble surprise.Heureusement que j'avais pu les apercevoir....J'avais donc glâné quelques informations très précises, avec le stade, le grade et le type de molécule concerné...Elle comprend rapidement que ces informations sont essentielles pour orienter le traitement, que je n'ai pu les inventer et sollicite auprès du laboratoire la seconde feuille d'information en ponctuant ses propos d'un "Ce que vous me dites est très précieux". Elle ne doute pas de la parole du patient, elle la valide si besoin. Quel plaisir d'être entre ses mains pour se sentir exister et non pas trimbaler de service en service!

 

Après cet autre examen, elle me remet mon dossier entre les mains pour aller consulter en anesthésie, passage obligé avant le passage au bloc pour poser la chambre implantable en vue de la chimiothérapie que j'accepte. Je me fais âprement alpaguée par une secrétaire "Vous n'avez pas à avoir votre dossier entre les mains, donnez-le moi"...Quand le secret médical nous est toujours opposé à nous-même! Elle suppose les difficultés inhérentes au parcours et me remet entre les mains (comme un paquet, mais bien vivant pour ma part) d'une professionnelle qu'elle sait très impliquée humainement. Elle la prévient en amont de mon arrivée dans son service....La bonté incarnée en cette femme qui me recontactera pour me proposer de l'hypnose pour m'aider, en cette femme qui au bloc fera ce qui est en son pouvoir pour que je sois accompagnée au mieux...Je ne peux que rendre grâce pour ces moments où je me suis sentie accueillie de façon inconditionnelle.

Valorisons ces personnes véritablement au service d'autrui dans leur pratique quotidienne...

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