Réflexions de médecins
Suite à la pétition lancée en février 2015 notamment par Clara de Bort, cadre hospitalier, concernant la polémique des touchers sans consentement, une scission semble s'être produite entre les professionnels se sentant accusés et les patients qui évoquent la nécessité d'une éthique...Le but n'est nullement d'accuser les intentions louables du praticien qui exerce un soin mais de repositionner la notion de consentement en référence à la loi Kouchner.
Alors, quelles sont les frontières? Une pénétration sans consentement équivaut-elle à un viol? "Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol."Je vous livre ici le vécu d'un médecin récemment hospitalisé et ayant dû subir comme il le qualifie lui-même un viol...
Quel que soit la fonction exercée, le plus important comme le soulignait déjà Montaigne est de former une tête bien faite plutôt que bien pleine...Réfléchir à sa pratique quotidienne est déjà gage d'une évolution possible des moeurs ou habitudes. Je vous invite à consulter ce lien où ce médecin (aux capacités artistiques évidentes) déjà étudiant en médecine souhaitait interpeller la pratique habituelle des touchers au bloc.
Certes la nudité est le quotidien du médecin, son rapport au corps est différent....Quand l'étudiant se pose des questions aux prémices de sa formation, c'est qu'il entre déjà dans une démarche d'interrogation...A partir du lien suivant, on perçoit les étudiants capables d'une décentration minimale ( se mettre à la place du patient et s'interroger sur ce que l'on pourrait soi-même accepter ou non) et ceux qui reproduisent les gestes appris en adoptant les modalités définies par le formateur référent sans questionnement apparent. Même si ce lien n'est pas récent, mon avis personnel est que le sexe de la personne qui s'exprimer modifie les représentations et la capacité de décentration : une étudiante en médecine même jeune aura probablement déjà un vécu gynécologique qui influera son regard et sa façon d'aborder la patient alors qu'un étudiant du même âge n'aura probablement pas subi de toucher rectal et n'aura donc qu'une perception exclusivement technique du geste.
www.e-carabin.net/showthread.php?9239-examens-en-stage-s%C3%A9mio
La relation d'enseignement, que ce soit en médecine à l'université ou ailleurs, s'inscrit dans une asymétrie, puisque l'un est supposé détenir le savoir et l'autre pas. Mais le savoir doit-il être assimilé au pouvoir? L'autorité liée à ce savoir (comme je l'ai mentionné dans mon ouvrage "Intimité écorchée" dans l'essai comparatif) doit s'inscrire dans une notion de service qui rend l'apprenant auteur de son propre cheminement...S'il y a abus avec une possible recherche de pouvoir, cette autorité peut être remise en question. Il y a tellement de façons de pratiquer, certaines se voulant respectueuses de l'humain tout simplement...En voici quelques exemples illustrés :
sous-la-blouse.blogspot.fr/2011/06/tu-sauras-jamais.html?m=1
Pour moi, deux points demeurent fondamentaux dans toute profession :
1)Le premier relatif à l'appropriation d'un savoir initial qui constitue une phase indispensable de l'apprentissage. Ce premier point acquis, pour qu'il y ait véritable échange constructif au sein d'une unité de professionnels, ces savoirs pourront être remis en question afin d'inviter à une réflexion, à un débat...C'est tout l'enjeu de la démocratie que de pouvoir débattre, non? Reconnaître à des confrères la possibilité d'avoir des avis divergents...
blogs.mediapart.fr/blog/ishtar/060714/la-verite-tres-indesirable-sur-la-chimiotherapie
2)Le second point parallèlement à l'appropriation du savoir demeure la réflexion sur ce même savoir ... Au contact de professionnels engagés... Car lorsqu'on touche à l'humain, tout se joue sur la nécessité de doser ces deux réalités : s'impliquer (entrer en relation)/ se mettre à la bonne distance (gérer son énergie vitale).
Alors je finis par ce lien qui propose une expérience d'un apprentissage véritable regroupant ces deux points au sein d'un service hospitalier :
georgeszafran.blogspot.fr/2011/12/mon-premier-stage-infirmier.html?m=1
Parce que je pense indispensable des rencontres comme celle-ci dans un cursus universitaire, je pense inéluctable une formation humaine des étudiants en médecine...